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Fabe – Détournement de son [Chronique]

Texte publié sur Sound Cultur’ALL le 12 mars 2013

Fabe-Detournement-de-son-Pochette-CDIl y a moins de 2 semaines, le monde du rap français a tremblé : Fabe’s back ! Eh non, vous ne rêvez pas. Mais, les vœux de tous les puristes et pseudo-puristes n’ont pas été exaucé pour autant. Befa ne revient pas dans les médias pour nous parler de rap mais de religion. Petite piqure de rappel pour ceux qui ne maîtrisent pas le sujet. Fabe est un rappeur originaire du XVIIIème arrondissement de Paris qui débarque dans le rap game en 1995 avec Befa surprend ses frères. Trois albums et la création de la Scred Connexion plus tard, Befa surprend ses fans en quittant précipitamment le rap en 2000. La raison est simple, l’artiste s’est converti à l’islam et a décidé de se consacrer à l’étude de cette religion. Mais sa réapparition médiatique donne un excellent prétexte pour chroniquer son plus grand classique : Détournement de son.

« Si Jean-Marie courrait aussi vite que j’l’emmerde il serait tellement loin » L’Impertinent

La chanson la plus célèbre de cet album est sans doute L’Impertinent. C’est d’ailleurs sous ce nom que devait sortir au départ le skeud, avant que le morceau Scred Connexion extrait de Cut Killer Show – Opération freestylen’annonce  : « Détournement de son, on tourne action ! » Provocations, rimes techniques, scratchs et instrus signés Cut Killer : ce son reflète parfaitement l’album. Le fil conducteur du disque est clair. Befa nous sert un rap conscient/engagé, toujours réfléchi et… impertinent. Les thèmes abordés sont cependant assez variés. Le MC fait dans l’exercice de style comme dans Exercice de style (justement) où les membres du groupe 1 Bario 5 S’pry tirent leur épingle du jeu (avec parmi eux, un certain Sëar Lui-Même). On a aussi des titres  plus personnels comme Quand je serai grand ou encore Au Fond de nos cœurs. Beaucoup de featurings aussi : la Scred Connexion au complet (avec la première apparition de Morad) sur Ça ou rien,Koma seul sur Tu peux pas te tromper, Al et son couplet stratosphérique sur Correspondance, Chinaprésente sur Superstars, Superhéros et enfin Neg Lyrical, Rachid et Neg Madnik sur Code Noir. Outre Cut, la liste des producteurs fait saliver : Cutee B, Stofkry, Ivan, Dj Mehdi, Wood Willey et Logilo.

« ­ La cité c’est pas ta mère et si tu crèves, elle aura d’autres enfants » Visionnaire

Détournement de son est assurément l’opus le plus abouti de Fabe. Plus engagé et surtout bien mieux produit que ses grands frères, Befa surprend ses frères et Le fond et la forme,  et plus hargneux que son petit frère, La rage de dire. Insolent, dérangeant mais toujours intelligent, l’artiste emmène son auditeur à réfléchir tout en lui faisant bouger la tête. Certainement l’un des tous meilleurs solos de l’Histoire du rap français. 1998 restera à jamais gravé dans le cœur des kiffeurs de rap français, Détournement de son avec.

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Sëar Lui-Même – Big Punchliner [Chronique]

Texte publié le 20 décembre 2012 sur Sound Cultur’ALL

SearSëar Lui-Même fait partie de ces MC’s qu’on attendaient en cette fin d’année. Doté d’une très bonne technique, le rappeur de L’Or Noir a su se faire particulièrement remarqué ces derniers mois. Pourtant, l’artiste n’est pas un nouveau dans le game. Après plusieurs freestyles sur diverses mixtapes, sa première  grande apparition se fait avec son groupe 1 Bario5 S’pry (qu’il formait avec Loréa) sur le morceau Exercice de Style extrait de Détournement de Son de Fabe, en 1998. Rebelote toujours avec Befa sur le ceau-mor C’est pas Parce que(produit par le regretté DJ Mehdi) sur La Rage de Dire. S’en suit un passage en duo avec F-dy Phenomen sur la compilation Première Classe vol.2, en 2001. Puis, vient le premier maxi solo Sëar Lui-Même/Y’a rien sans rien. Mais le succès n’est pas encore au rendez-vous. Cependant à force de freestyles, d’apparitions ou de scènes, Sëar commence à se faire un nom dans le milieu du rap. Voilà pourquoi, on attendait impatiemment cet opus.

Le disque commence avec le premier extrait éponyme, le bien nommé Big Punchliner. La recette est simple et efficace : un égotrip de 2 minutes et 41 secondes, flow rapide et punchines en pagailles. L’album démarre sous les meilleurs augures. On enchaîne avec Pour mes gars d’Paris qui met aussi en avant les talents de punchliner du MC. Puis, on a droit à un titre engagé : Droit d’Asile. Premiers invité de l’album : Neka, Furax (Inglourious Bastardz), Wojtek et Wira (les Zakariens) sur le très sombreEclipse Lunaire. L’artiste s’essaie ensuite au story telling avec Leçon de Piano où il nous narre l’itinéraire d’un virtuose du piano intello et timide… Je vous laisse découvrir. Mention spéciale pour le refrain chantonné par des enfants. On arrive après à deux featurings d’Amnesty. D’abord sur Attentat, un nouveau story telling dont on devine aisément le thème. Puis sur Présidents réquisitoire à l’encontre de notre Sarkonational et Christoph Blocher ex-Président du Conseil Fédéral suisse. Un titre peut-être un peu manichéen sur certains côté, mais pas moins intéressant pour autant montrant clairement les dérives de nos gouvernants. On a encore droit à une prestation d’Amnesty, mais, cette fois avec Koma (Scred Connexion) en bonus sur la Paix. Puis notre grand punchliner nous sort une suite à son titre éponyme :Big Punchliner 2. Le skeud se conclue avec brio par l’intermédiaire du titre Ecoutes (en Bonus Track) avec des couplets tous aussi bons les uns que les autres de Nekfeu, ADS, Gaiden et Kaot’F.

Excellent flow, punchlines de malade, une excellente écriture, une vraie capacité à aborder différents thèmes, de très bons invités, une ambiance boom-bap entrainante (parfaitement orchestrée par Flev),… Bref, Sëar Lui-Même fait plus que le boulot, plus notre plus grand plaisir.

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